corse matin 05/07/16
Venue Ministérielle du 04/07/16
Rencontre avec le Conseiller de la
Ministre de l’Education
Introduction
Le
Collectif « PARLEMU CORSU ! » qui existe depuis 2007, agit sur
le terrain de façon concrète pour sensibiliser la population à l’usage du corse
dans tous les domaines de la société. Les actions réalisées par notre Collectif
depuis 9 ans sont nombreuses (conférences, débats, visites de sites, animations
pour les enfants, animations de foires, de festivals, d’évènements sportifs,
mise à disposition de traducteurs…). Il n’empêche que, comme nous n’avons eu de
cesse de le répéter depuis notre création, le peuple ne peut tout faire et il
ne peut à lui tout seul permettre à la langue corse de réinvestir la rue. Il
faut des mesures exceptionnelles et conséquentes pour accompagner la volonté
populaire qui n’est plus à démontrer.
Or,
les mesures que nous préconisons (pour beaucoup, depuis 2007, et, de plus en
plus reprises par nos élus), et qui constituent notre volet revendicatif, ne
peuvent être réalisées, pour la plupart (comme la généralisation de l’immersion
pour les écoles primaires ou la formation obligatoire dans toutes les
entreprises insulaires), qu’à travers un cadre législatif bien
particulier : celui de statut de Coofficialité.
Il ne
faut pas voir dans ces mesures un aspect contraignant et encore moins discriminatoire
ou exclusif. Bien au contraire. Société Bilingue ou Coofficialité n’ont aucune
raison de faire peur. Il s’agit pour nous de dédramatiser l’approche que vous
pouvez en avoir.
Cependant,
nous avons conscience, que les ministres en déplacement ne sont pas venus
annoncer le soudain engouement du gouvernement pour un Statut de Coofficialité.
Il n’en demeure pas moins que nous attendons, de votre part, un geste de bonne
volonté. Celui-ci peut rapidement se traduire par la prise de mesures fortes et
qui ne nécessitent pas pour autant une adaptation législative. Cela est
notamment possible dans le domaine éducatif.
Par ailleurs, l’Education n’est pas
le seul secteur où l’Etat peut intervenir pour aider à la diffusion du corse,
sans qu’un Statut particulier pour la langue soit nécessaire.
1. Non
à la discrimination : oui à la société bilingue !
Nous
n’avons d’autres ambitions, avec les 16 mesures que le Collectif revendique
depuis 2007 (cf. annexe 1), que d’aider la langue corse à retrouver sa place, à
côté du français, dans la société. Nous nous battons pour une société bilingue,
c’est-à-dire une société où vivent deux langues, côte à côte, en harmonie, et
non pas en opposition. Le Statut de Coofficialité serait justement la garantie
institutionnelle de cet équilibre auquel nous aspirons. Il n’est aucunement
question pour nous de remplacer le français par le corse. Nous pensons au
contraire que posséder deux langues est un atout et c’est pourquoi nous avons
même imaginé, pour le jour où le corse s’entendra à nouveau partout dans la
rue, la création d’un organisme de régulation qui aura pour mission de veiller
à la bonne santé des deux langues, pour que jamais l’une ne prenne le dessus
sur l’autre.
Instaurer
une parité des usages et des droits des langues n’est pas sans conséquences
positives sur toute la société. C’est contribuer à transmettre la notion de
respect et donc c’est lutter contre la discrimination. Parler le corse en plus
du français c’est permettre à tous les gens qui vivent sur cette île, de se
sentir appartenir à une même communauté, quelle que soit son origine. La langue
corse revêt alors le rôle de ciment communautaire. Elle soude les gens et les
met tous à parité comme le ferait la généralisation de son apprentissage à
l’école ou dans les entreprises par le biais de formations. L’obligation, de
recevoir un enseignement ou de former un personnel, ne crée pas une contrainte
mais contribue à l’inverse à faire disparaître les inégalités puisque tout le
monde est logé à la même enseigne. Ces mesures, pour certaines (comme la
formation obligatoire dans les entreprises) n’ont bien sûr pas vocation à
perdurer. Elles doivent être mises en place le temps nécessaire et probablement
long, pour que les langues occupent au final les mêmes fonctions et les mêmes
usages.
Force
est de constater que la politique de la France va à l’encontre de cette
logique. Ne donnant pas les mêmes droits à la langue corse et à la langue
française, l’Etat français crée une hiérarchie à l’origine d’une discrimination
bien connue : il existe une langue haute et une langue basse… Or l’O.N.U
n’a de cesse de rappeler à la France que sa politique envers ses minorités linguistiques
est une négation de droits fondamentaux de l’être humain. Le nombre de pactes
ou conventions internationaux que la France a pourtant signé mais ne respecte
pas est considérable. Nous le dénoncions le 8 juin dernier dans une conférence de
presse devant la Préfecture à Ajaccio. Depuis, le 27 juin, l’O.N.U a encore
officiellement épinglé la France à ce sujet comme nous l’avions pressenti. (cf.
annexe 2).
La
Coofficialité a été votée par nos élus, elle est voulue par le peuple corse. Ne
pas lui accorder est un véritable déni de démocratie. La Coofficialité est un
droit légitime. Elle n’est au fond qu’un outil pour pouvoir mettre en place une
politique ambitieuse de rééquilibrage entre les deux langues. Elle est, en tout
les cas, indispensable pour que vive pleinement le corse. C’est pourquoi nous
ne cesserons de la réclamer et nous entendons bien nous battre pour l’obtenir.
2. Un
« geste de bonne volonté » (au moins dans l’Education).
Comme
nous l’avons écrit plus haut, nous avons compris, que vous n’êtes pas venus en
Corse, pour l’instant, pour nous annoncer un changement de politique et donc
que vous n’êtes pas disposés à parler de Coofficialité. Nous n’en attendons pas
moins de votre part un « geste de bonne volonté ». Cela est possible dans
le domaine éducatif. J’avais pour ma part déjà eu l’occasion d’apporter des
précisions sur ce sujet, lors d’une entrevue le 18 mai avec Monsieur le Recteur
de l’Académie de Corse, Philippe Lacombe, lors d’une réunion du Conseil
Académique de la Langue Corse (cf. annexe 3).
L’essentiel
de ce que nous demandons peut être résumer en trois points :
1° : Corse
obligatoire de la 6ème à la 3ème.
Au
collège et pour les classes non bilingues, il s’agit d’éviter une baisse des
effectifs des élèves faisant corse. Cette baisse semble inévitable si le corse
est mis en concurrence avec une langue supplémentaire dès l’entrée en cinquième comme cela sera dorénavant le cas. Nous préconisons, pour
contrer ce risque, de
cumuler les quelques avantages d’avant la réforme des collèges avec les
quelques avantages que pourrait fournir cette réforme :
-
maintenir
la proposition d’un enseignement de 3 h de corse à tous les élèves dès l’entrée
de ceux-ci en sixième (avantage d’avant réforme).
-
ne
plus offrir aux élèves la possibilité d’arrêter cet enseignement dès le mois de
novembre mais au contraire de le poursuivre jusqu’à la fin de la sixième
(avantage d’après réforme).
-
maintenir
cet enseignement de corse jusqu’à la fin de la cinquième pour les élèves qui en
bénéficient déjà en sixième (avantage d’avant réforme). Seraient concernés
cette fois tous les élèves puisque en sixième il n’y aurait plus de possibilité
d’en arrêter l’enseignement.
-
poursuivre
cet enseignement du corse pour tous élèves, en quatrième et en troisième afin
de respecter les nouveaux cycles définis, en l’occurrence le cycle 4 qui
regroupe 5ème, 4ème et 3ème (avantage d’après
réforme).
Ainsi, en s’appuyant
tantôt sur les avantages des anciennes dispositions, tantôt sur les avantages
des nouvelles dispositions, on peut procéder à la généralisation de
l’enseignement de 3 h de corse à tous les élèves, de la sixième à la troisième.
2° :
Des écoles immersives.
À titre
expérimental, comme peuvent l’être des écoles spécialisées en musique ou en
sport, on peut envisager la réalisation d’écoles en immersion, une en Haute
Corse et une en Corse du Sud. Il s’agit d’écoles où le corse est la langue
d’enseignement et où le français est introduit peu à peu pour parvenir à la fin
du cours moyen deuxième année, à une maîtrise totale des deux langues corse et
français. L’apprentissage du français n’est donc bien sûr pas remis en cause.
En fait, dans les
écoles maternelles (où la scolarisation n’est pas obligatoire ce qui donc nous
offre la possibilité d’être plus entreprenant) on peut se fixer pour objectif
l’immersion et pas seulement le bilinguisme. Inévitablement cela soulève le
problème de la formation du personnel.
3° : Généraliser et développer la formation des
personnels dans le système éducatif.
Il faut pouvoir
dépêcher sur place (dans les écoles) des formateurs de façon régulière
(deux fois par semaine). Cela doit concerner tous les personnels (pas seulement
les enseignants) et ne peut se faire sur la seule base du volontariat. Même si
les compétences initiales et requises sont différentes selon les catégories
d’employés de l ‘Education, on ne peut envisager, dans les écoles
maternelles (qui avaient été annoncées toutes bilingues pour 2013 !),
qu’il puisse y avoir du personnel pour qui la langue corse demeure étrangère.
Pour atteindre cet
objectif il faut réfléchir à l’utilisation d’un maximum de ressources humaines
afin de constituer de véritables bataillons de formateurs. Nous sommes
conscients que cela n’est pas sans un coût, mais l’argument financier n’est pas
recevable face à la survie d’une langue et d’une culture. Plus nous attendrons
pour agir et plus le coût financier sera élevé pour rattraper le retard déjà
pris. Ne lésinons donc pas sur les moyens et définissons un véritable plan de
formation généralisé conséquent selon un calendrier des plus stricts.
Il faut anticiper
la venue des effectifs bilingues depuis les écoles maternelles et appliquer,
pour les écoles primaires, la même politique de formation pour tous les
personnels, que celle évoquée ci-dessus.
Enfin, dans le
secondaire, il faut bien-sûr former à l’usage de la langue corse les
enseignants des autres disciplines que le corse. Pour cela il faut
organiser la formation dans le collège même. Il est possible, si cela est prévu
avant chaque rentrée par les chefs d’établissement, d’aménager et d’aligner les
emplois du temps des enseignants pour que ceux-ci aient une heure
supplémentaire et commune, où ils peuvent recevoir un enseignement de langue et
culture corses (formation que peut réaliser l’enseignant de corse du collège
même).
Cela ne doit plus
reposer sur la bonne volonté des chefs d’établissement mais cela doit être
impérativement réalisé pour chaque rentrée.
L’habilitation qui donne compétence aux enseignants
des autres disciplines que le corse, de pouvoir transmettre leurs connaissances
par le biais de la langue corse, doit s’acquérir en deux ans : il faut
comme pour le capes, une année d’obtention théorique, validée par une année de
pratique. Cela est un moyen d’aider les enseignants à mettre un pied à
l’étrier.
Dans le même
esprit, les enseignants habilités devraient pouvoir être visités par un
inspecteur de langue et culture corse, non pas pour juger leur compétence en
corse (puisqu’elle a été sanctionnée par l’habilitation) mais s’ils font bien
usage du corse comme matière d’enseignement (ce qui évitera aussi que ne
dorment au CDI tous les livres bilingues en mathématiques, histoire et SVT,
édités par l’ex CRDP).
3.
Faire des efforts pour développer
l’usage du corse dans tous les domaines de la société
Pour
des mesures efficaces qui contribueront véritablement à répandre l’usage du
corse dans tous les domaines de la société, la Coofficialité est indispensable.
Cependant, là encore, quelques mesures, peuvent être mises en place rapidement et
avoir une certaine efficacité. Elles demeureront insuffisantes pour une réelle
revitalisation, mais elles peuvent au moins freiner la dégradation de l’usage
du corse.
1°:
Pour commencer, l’Etat peut intervenir pour faciliter le développement de
l’apprentissage du corse dans les entreprises.
-
Il s’agit d’apporter une aide financière pour
que les organismes puissent se doter des moyens humains et matériels afin de
pouvoir décemment répondre à la demande de formation. Celle-ci, pourtant basée
uniquement sur le volontariat, ne peut actuellement jamais être pleinement
satisfaite.
-
Il
faut à tout prix simplifier les procédures d’obtention des aides à la
formation. Il est anormal et incompréhensible que cela demeure un parcours du
combattant pour une entreprise.
2°:
L’Etat doit aussi optimiser la place du corse dans les conventions qui le lient
avec les médias et dans les concours administratifs.
-
Il
doit permettre de réaliser sur la chaîne et sur la radio de service public des
publicités en langue corse. La loi Toubon est à chaque fois invoquée pour en
contrarier le développement. .
-
dans
les concours administratifs (aides-soignantes, infirmières…) il est dévalorisant
que la langue corse soit cantonnée à un seul rôle d’option, non sanctionnée par
un examen.
3°:
L’Etat doit mettre en œuvre les moyens pour que le cadastre soit entièrement en
langue corse et respectueux de la toponymie ancienne des lieux. Par soucis de
cohérence l’IGN devra faire correspondre la même dénomination sur ses cartes.
Enfin, le bilinguisme sur les panneaux de signalétique n’a plus de raison
d’être la référence étant le corse.
Conclusion.
Nous n’en démordons pas : la
Coofficialité est indispensable pour construire une société bilingue que la
population corse appelle de ses vœux.
Il en a va de la survie d’une
langue. Le peuple ne pourra pas accepter cette fin de non-recevoir
indéfiniment. Encore moins nous ne pouvons imaginer que les demandes ci-dessus ne soient prises en compte,
d’autant qu’elles n’ont rien d’extraordinaire. Serez-vous capable de faire
preuve d’un peu de bonne volonté ?
Des décisions pourraient nous rassurer sur vos intentions, comme d’accepter
que le corse soit obligatoire de la 6ème à la 3ème . .
ANNEXE 1
Propositions du collectif « PARLEMU CORSU ! »
Donner les moyens d’une reconquête
linguistique
1. langue
corse, langue officielle. Il s’agit de donner un statut à la langue corse
pour établir, par la voie législative, la parité du corse avec le français. Le
but est de lever tous les obstacles à la construction d’une société bilingue et
de pouvoir réaliser la politique linguistique qui en découle.
2. de
l’immersion dans les maternelles au bilinguisme à la fin du primaire et jusqu’à
l’université. Il s’agit de généraliser le corse dans l’éducation. D’abord,
en plongeant les plus petits dans un bain linguistique total ; ensuite, en
introduisant progressivement le français pour arriver à une vrai parité
des deux langues; le corse n’est alors plus seulement un objet d’enseignement
mais aussi un instrument pour enseigner toutes les matières.
3. créer
un pôle de formateurs nombreux et compétents. L’objectif, pour introduire
la langue dans chaque secteur de la société, est de pouvoir compter sur des
personnes d’un haut niveau de compétence en langue corse, de les répartir sur
tout le territoire insulaire, au plus prêt des gens à former.
4. assurer
une formation conséquente obligatoire pour tous les personnels de toutes les
entreprises. L’obligation est la seule manière de définir un cadre
d’apprentissage efficace qui va toucher un maximum de personnes. Cette
formation demande un soutien financier et humain considérable. Plusieurs années
seront nécessaires pour l’étendre à toutes les entreprises. Il est donc
indispensable de commencer au plus tôt.
5. proposer une formation
pour les sans-emploi, les retraités et les membres de la diaspora. Cette disposition signifie à la fois
d’initier, d’encourager la demande et de pouvoir la satisfaire en mobilisant
les formateurs sur l’île et hors de l’île.
Développer un environnement favorable
à l’utilisation du corse
6. inscrire la langue
corse dans les formations et les concours de l’île. Il s’agit d’introduire le corse dans
toutes les formations qui sont dispensées sur l’île par divers organismes
(GRETA, Lycée maritime, Lycée agricole…). Comme pour les autres matières la
langue corse doit être soumise à un examen dans les concours réalisés dans
l’île (concours de la fonction publique territoriale, concours d’infirmière…).
Cette mesure aura l’intérêt d’alléger la formation à l’intérieur de
l’entreprise et de constituer un contingent de personnes qui dès leur
recrutement pourront adopter le corse dans leurs relations avec le public.
7. mobiliser
les corses de la diaspora. Un certain nombre de membres de la diaspora a
toujours un fort sentiment d’appartenance à la communauté corse. Nombreux sont
ceux qui possèdent une connaissance de la langue. De fait, la diaspora
constitue une ressource, qui peut venir renforcer l’élan que nous nous devons
d’impulser, si nous voulons vraiment que la langue corse vive. Il apparaît donc
nécessaire d’intensifier les échanges avec eux de façon à conforter le lien entre
tous et à leur offrir d’avantages d’occasions de pratiquer la langue corse.
Pour cela, il convient évidemment de s’appuyer sur le réseau existant des associations des corses de l’extérieur.
8. une
radio et une TV en langue corse. Il s’agit de transformer progressivement
RCFM et France 3 Corse Via Stella en medias d’expression majoritairement en
langue corse, de façon à créer un espace public consacré à la langue corse au
milieu d’un paysage audiovisuel d’expression française ou autre…
9. favoriser
l’utilisation de la langue corse dans les medias privés. L’objectif est d’aider à la création
de programmes en langue corse par le biais de mesures incitatives (financières,
soutien à la promotion ou à la constitution de dossiers…).
10. soutenir l’activité
culturelle en langue corse.
Cette aide concerne la littérature, le théâtre, le chant, le cinéma, la
conservation du patrimoine… Elle peut revêtir différentes formes de l’aide
financière à la création, à la promotion des produits culturels, de la mise à
disposition de lieux de spectacles aux facilités de transport pour permettre à
la culture corse de s’exporter.
11. traduire les oeuvres
littéraires de renom, les films à succès… La traduction
peut toucher de nombreux domaines : les livres pour les plus petits, les
romans étudiés en classe, les œuvres littéraires connues, les films à succès…
Il est clair que la traduction, au-delà du seul domaine culturel, touche aussi
tous les actes administratifs. La traduction serait en fait une manière de
valoriser la langue, de lui permettre de conquérir de nouveaux espaces et de
contribuer à son apprentissage.
12. toponymie et code
de la route uniquement en langue corse. Pour les noms de lieu, une écriture uniquement en
langue corse est amplement suffisante. Cette mesure permettrait le respect d’un
héritage culturel et faciliterait la lecture des panneaux d’orientation. Quant
au code de la route, les dessins et graphiques constituent un langage
international compréhensible de tous ; il est donc possible, en
accompagnement de ses dessins, de se satisfaire d’une écriture uniquement en langue
corse.
13. les cartes IGN et
le cadastre uniquement en langue corse. Cette mesure établie une correspondance logique avec la
mise en place d’une toponymie en langue corse. Elle conduit aussi à adapter le
dictionnaire des communes en langue corse.
14. signalétique
communale et autres avec une écriture bilingue. Cette signalétique concerne les
panneaux d’orientation et d’information des collectivités, des services
administratifs, touristiques et culturels et des plateformes de transport…
L’écriture peut être seulement en corse ou bien bilingue quand une difficulté
de compréhension apparaît.
15. conduire à
l’installation d’une signalétique corse dans le monde économique. Cette signalétique participerait à
étendre la présence visuelle de la langue corse. Plus que des mesures
financières, il est possible d’imaginer de faire appel à des traducteurs ou
encore de prendre en compte la langue corse dans un label qui reconnaît la
qualité et la spécificité des produits insulaires.
16. créer un office de
la langue corse. Il
s’agirait d’une structure chargée de coordonner les mesures nécessaires à la
mise en œuvre de la politique linguistique. Cet office assurerait aussi la
promotion de sa politique pour encourager le peuple à se mobiliser pour sa
langue. Il veillerait enfin au respect du calendrier retenu et contrôlerait
régulièrement la santé de la langue pour éventuellement adapter les mesures.
Quand langue corse et langue française auront retrouvé une parité dans les
usages, cet office veillera que cet équilibre soit maintenu sans qu’aucune
langue ne prenne le dessus sur l’autre.
ANNEXE 2
ANNEXE
3
Propositions du
Collectif « PARLEMU CORSU ! »
pour optimiser
l’enseignement du corse
1. Dans le primaire.
1.1. À l’école maternelle.
Les plans d’enseignement précédents prévoyaient que toutes les
écoles maternelles soient bilingues en 2013… Cet objectif n’a pas été
atteint et n’est pas prêt de l’être. Il serait temps de s’en donner
véritablement les moyens en accentuant la formation des professeurs des écoles
et autres personnels.
Pour nous, de plus, les écoles maternelles doivent devenir des écoles
en immersion. Nous considérons que l’argumentaire juridique utilisé pour
conclure à l’incompatibilité de cette mesure avec la Constitution, est inexact.
L’immersion en langue corse en maternelle n’empêchant pas l’apprentissage du
français à partir de l’école primaire.
Il faut pouvoir dépêcher sur place (dans les écoles) des formateurs
de façon régulière (deux fois par semaine).
Cela doit concerner tous les personnels et ne peut se faire sur la
seule base du volontariat. Même si les compétences des uns et des autres ne
sont jamais les mêmes, on ne peut envisager, dans les écoles maternelles, qui
toutes devront être au minimum bilingues dans un premier temps puis immersives,
qu’il puisse y avoir du personnel pour qui la langue corse demeure étrangère.
Pour atteindre cet objectif il faut réfléchir à l’utilisation d’un
maximum de ressources humaines pour constituer de véritables bataillons de
formateurs. Nous sommes conscients que cela n’est pas sans un coût, mais l’argument
financier n’est pas recevable face à la survie d’une langue et d’une culture.
Plus nous attendrons pour agir et plus le coût financier sera élevé pour
rattraper le retard déjà pris. Ne lésinons donc pas sur les moyens et
définissons un véritable plan de formation généralisé conséquent selon un
calendrier des plus stricts.
Enfin, il faut aussi renforcer le contrôle des pratiques pour
s’assurer que l’usage du corse soit la règle dans les classes maternelles, à
parité avec le français, et éviter ainsi que l’appellation
« bilingue » ne soit galvaudée.
1.2. Du cours élémentaire au cours moyen.
Il faut anticiper la venue des effectifs bilingues depuis les écoles
maternelles et appliquer la même politique de formation pour tous les
personnels, que celle évoquée ci-dessus pour les écoles maternelles.
Même si les efforts doivent se concentrer prioritairement sur les
écoles maternelles pour les rendre au plus vite toutes bilingues, il faut que
le plan de formation soit bien évidemment globalisé à tout le primaire.
1.3. Des écoles immersives expérimentales.
À titre expérimental, comme peuvent l’être des écoles spécialisées en
musique ou en sport, on peut envisager la réalisation d’écoles en immersion,
une en Haute Corse et une en Corse du Sud. Il s’agit d’écoles où le corse est
la langue d’enseignement et où le français est introduit peu à peu pour
parvenir à la fin du cours moyen deuxième année, à une maîtrise totale des deux
langues corse et français.
2. Dans le secondaire.
2.1. Au collège
a) Dans les classes non bilingues
Il s’agit d’éviter une baisse des effectifs des élèves faisant corse,
qui semble inévitable si le corse est mis en concurrence avec une langue
supplémentaire dès l’entrée en cinquième.
Pour cela il serait bon de cumuler les quelques avantages d’avant la
réforme des collèges avec les quelques avantages que pourrait fournir cette
réforme :
-
maintenir la proposition d’un enseignement de 3
h de corse à tous les élèves dès l’entrée de ceux-ci en sixième (avantage
d’avant réforme).
-
ne plus offrir aux élèves la possibilité
d’arrêter cet enseignement dès le mois de novembre mais de le poursuivre
jusqu’à la fin de la sixième (avantage d’après réforme).
-
maintenir cet enseignement de corse jusqu’à la
fin de la cinquième pour les élèves qui en bénéficient déjà en sixième
(avantage d’avant réforme). Seraient concernés cette fois tous les élèves
puisque en sixième il n’y aurait plus de possibilité d’en arrêter
l’enseignement.
-
poursuivre cet enseignement du corse pour tous
élèves, en quatrième et en troisième pour respecter les nouveaux cycles
définis, en l’occurrence le cycle 4 qui regroupe 5ème, 4ème
et 3ème (avantage d’après réforme).
CONCLUSION :
Ainsi, s’appuyant tantôt sur les avantages des anciennes
dispositions, tantôt sur les avantages des nouvelles dispositions, on peut
procéder à la généralisation de l’enseignement de 3 h de corse
à tous les élèves, de la sixième à la troisième.
b) Dans les classes bilingues
Il faut bien-sûr former à l’usage de la langue corse les
enseignants des autres disciplines que le corse. Pour cela il faut
organiser la formation dans le collège même. Il est possible, si cela est prévu
avant chaque rentrée par les chefs d’établissement, d’aménager et d’aligner les
emplois du temps des enseignants pour que ceux-ci aient une heure
supplémentaire et commune, où ils peuvent recevoir un enseignement de langue et
culture corses (formation que peut réaliser l’enseignant de corse du collège
même).
Cela ne doit plus reposer sur la bonne volonté des chefs
d’établissement mais cela doit être impérativement réalisé pour chaque rentrée.
L’habilitation qui donne compétence aux enseignants des autres
disciplines que le corse, de pouvoir transmettre leurs connaissances par le
biais de la langue corse, doit s’acquérir en deux ans : il faut comme pour
le capes, une année d’obtention théorique, validée par une année de pratique.
Cela est un moyen d’aider les enseignants à mettre un pied à l’étrier.
Dans le même esprit, les enseignants habilités devraient pouvoir être
visités par un inspecteur de langue et culture corse, non pas pour juger leur
compétence en corse (puisqu’elle a été sanctionnée par l’habilitation) mais
s’ils font bien usage du corse comme matière d’enseignement (ce qui évitera
aussi que ne dorment au CDI tous les livres bilingues en mathématiques,
histoire et SVT, édités par le CRDP).
4H de corse.
Les classes bilingues, devraient pouvoir bénéficier d’une heure
supplémentaire de corse, que n’auraient pas les autres classes non bilingues (sans
enseignant qui font usage du corse dans d’autres disciplines). Cela
compenserait le fait que l’enseignement des autres disciplines en corse n’est
pas au point pour l’instant et permettrait de réaliser avec plus d’aisance les
projets dont les classes bilingues font souvent l’objet (sortie, voyage,
théâtre, réalisation de vidéo…).
2.2. Au lycée
Suite à la généralisation du corse au collège, 4 ans
après, les effectifs au lycée, même s’ils restent optionnels, augmenteront
inévitablement. En corrélation les effectifs des classes bilingues vont aussi
augmenter et bien évidemment, il faut donc le préparer en s’attelant à former à
nouveaux les enseignants des autres disciplines dans les mêmes conditions que
celles évoquées ci-dessus pour le collège.