u 9 di nuvembri 2015: Intitrvista da RVL.
Micheli Leccia est professeur de langue et cultures Corse
ainsi que président du collectif « Parlemu Corsu » à Porto-Vecchio. Cet
ensemble de militants est uni dans un même combat : faire du peuple Corse,
un peuple bilingue. Il évoque l’actualité d’un patrimoine qui ne cesse de
s’éteindre au fil des ans : la langue Corse. Son leitmotiv en dehors des salles
de classes : intervenir et revendiquer la place prépondérante que peut
avoir la langue au sein de la communauté de l’île. Il aborde les sujets
d’actualités comme les langues minoritaires et le refus du sénat de voter le
texte proposé par Christiane Taubira. Surtout, il dévoile les objectifs du collectif
dans l’évolution de la langue et promet de rester mobilisé coûte que coûte.
1)
Christiane Taubira a présenté le 31
juillet 2015 une charte visant à protéger et promouvoir les langues régionales.
Les langues minoritaires sont-elles en danger ?
« Il est évident que la langue Corse est en danger. Le mal est
profond et dure depuis de nombreuses années. Le Corse est de moins en moins
utilisé dans la société et cela perdure malheureusement. Il est important de
conserver une identité qui nous est propre et le transmettre aux nouvelles
générations. Nous travaillons beaucoup sur ce point-là. D’un point de vue
scolaire mais également et surtout dans la société. »
2) Le sénat a refusé le texte sur les langues régionales le 27 octobre 2015.
Qu’en pensez-vous ?
« C’est un débat difficile dans la mesure où il doit y avoir une refonte
total de la constitution de l’article 1 et 2. La charte Européenne doit être
ratifiée dans sa globalité. Forcément pour des collectifs comme nous et
j’englobe les Bretons, les Basques et autres régions, ce genre de décisions ne
favorise pas le bilinguisme. Cependant, notre combat ne s’arrête pas à ça et
nous nous battons pour la co-officialité de la langue Corse. »
3) Qu’est ce qui pourrait changer si la co-officialité venait à être
votée en Corse ?
« Tout d’abord, charge à nous de donner un contenu à tout ça. Forcément,
Il y aurait plus de moyens financiers. Nous avons des idées pour que la langue
Corse revienne sur le devant de la scène. Il est difficile d’avoir une société
bilingue parce qu’il y a toujours une langue qui prend le dessus sur l’autre. Attention,
nous ne voulons pas que la langue Corse écrase le Français. Nous souhaitons un
rééquilibrage entre les deux. Le Corse a sa place au même titre que le Français
et nous voulons que les deux rayonnent dans la société. Pour y arriver nous
disons qu’il faut, entre autres, des écoles en immersion et une formation du
Corse obligatoire dans les entreprises. L’objectif
est de développer la langue pour retrouver une identité. »
« Démontrer que c’est possible »
4) Quelles sont les raisons de cette perte de vitesse dans la
transmission de la langue Corse ?
« La mauvaise santé de la langue corse est le fruit d’une longue
politique de mépris et qui a créé une hiérarchie entre les langues : une langue
haute, c’est-à-dire le Français (celle de l’administration, de l’école, des médias,
des autorités) et le Corse, une langue basse (celle réservée au cercle familial). Problème aggravé par la perte de bon nombre
de locuteurs, engendrée par les deux guerres mondiales et l’exode qui en a
suivi… »
5) Comment s’organise le Collectif
« Parlemu Corsu ! »?
« Le Collectif regroupe des personnes de tous horizons, plus de 100
associations, l’ensemble des chanteurs et groupes culturels insulaires… C’est
une grosse structure qui compte près de 600 membres et qui se bat pour que
notre société parle le Corse et devienne bilingue. Nous sommes loin des
structures politiques et cherchons à agir de façon concrète d’un côté
(conférences, débats, visites de musées en langue corse…) tout en ne se privant
pas de revendiquer de l’autre (prise de paroles, manifestations festives..). Nous
voulons démontrer que c’est possible, que le corse peut investir tous les
domaines. Les actions que nous entreprenons pour la langue Corse depuis le
début nous poussent à y croire. Nous sommes soutenus par des entreprises
privées mais également par la société tout entière. C’est très
encourageant. »
6) Quels sont vos initiatives futures pour inciter les Corses à soutenir ce
projet ?
« Par
des mobilisations massives dans la rue toujours dans un esprit festif, et aussi
par des actions, tout en restant pacifiques, qui se voudront déterminées et
hautement symboliques. L’objectif est de rassembler le maximum de personnes.
Faire passer le message que la langue Corse ne doit pas mourir. »
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